Même l’expert désespère !
L’expert Syncéa a rendu son rapport sur la stratégie et la situation économique et financière au H1 2024 du groupe Atos. La restructuration financière devait répondre au gros problème d’Atos : 4,9 milliards d’euros de dette, dont 3,2 à rembourser en 2025. En juillet 2024, un financement coûteux de 800 millions d’euros « pour tenir l’année » accompagné de commissions importantes (10 à 13%) et d’intérêts élevés (2,5%).
Suivi de la restructuration validée par le Tribunal de Commerce fin octobre : dette de 5,7 milliards d’euros (4,9 + 0,8) convertie pour partie (2,9 milliards) en actions distribuées aux créanciers. Après remboursement du financement de juillet, reste 2 milliards d’euros de dette préexistante.
Oui mais Atos, toujours à court de liquidités, doit reprendre 1,5 milliards d’euros de nouvelle dette, à des taux d’intérêt élevés de 9%. La dette est maintenant de 3,5 milliards d’euros, et son remboursement est repoussé aux années 2029, 2030 et 2031.
FO pose la question : comment les créanciers, nouveaux propriétaires d’Atos, vont-ils se rembourser de cette perte de créances ? On commencera sans doute à le savoir bientôt.
Les résultats récents analysés par l’expert, sont « dégradés » : ralentissement de l’activité avec des prises de commande en net recul, un chiffre d’affaires en décroissance de -2,7% au 1er semestre 2024, puis -4,4% au troisième trimestre, une marge opérationnelle en baisse à 2,3% au 1er semestre 2024. Les coûts de restructuration (60 millions d’euros au 1er semestre 2024) et les dépréciations d’actifs finissent de plomber le résultat net, négatif à moins 1,9 milliards d’euros. Enfin, un « Business Plan » est jugé très ambitieux par l’expert. De 2024 à 2027 le chiffre d’affaires bondirait en 2026 et 2027, de 4,6% puis 6,1%, la marge opérationnelle gonflerait à 4,3% en 2025, puis 7,3% en 2026 et 9,4% en 2027. On a d’autant plus de mal à le croire qu’Atos se sépare de ses activités les plus rentables : Worldgrid vendu à Alten, BDS en passe d’être cédé également. FO continue à penser que l’Etat doit soutenir Atos, plutôt que de le laisser livré aux griffes des créanciers.
Devant les annonces récentes de réductions d’emploi côté Eviden, FO continue à revendiquer
le maintien des emplois dans le Groupe, le refus de tout départ contraint.